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Historique des recherches sur la ville de Lunel-Viel

par Claude Raynaud

 

La grotte préhistorique du mas des Caves

Le plus ancien fleuron du patrimoine lunellois est aussi le plus mystérieux : il s’agit des vestiges laissés par les animaux et les hommes du paléolithique ancien dans la grotte du Mas des Caves. Un kilomètre au nord-ouest du village en direction de Saint-Geniès-des-Mourgues, la grotte s’ouvre dans un coteau fameux aussi pour le muscat qu’on y produit. Les hommes de Néanderthal furent les premiers occupants des lieux où ils s’établirent il y a 500 000 ans, laissant autour de leur campement les reliefs de leurs chasses, ossements de cervidés principalement, ainsi que leurs outils grossièrement taillés dans des galets de silex. Depuis sa première exploration en 1824, la grotte a donné lieu à de nombreuses découvertes concernant la vie de ces ancêtres d’homo sapiens, devenant l’un des plus prestigieux gisements préhistoriques d’Europe. Comptant parmi les plus anciens témoignages d’habitat humain, ces vestiges dorment au fond de la grotte, attendant qu’un jour prochain peut-être une mise en valeur permette au public de prendre connaissance de ce trésor.
Faute d'aménagement sécurisé, la grotte ne peut accueillir aucune visite.

Vue de la grotte des caves en cours d'exploration (cliché E. Bonifay).

Le village gallo-romain

Lunel-Viel bénéficie aussi du privilège d’être le plus ancien village du Lunellois et l’un des plus anciens de la région. Son nom le dit bien, Lunel-Viel est l’ancien Lunel, l’actuel chef-lieu en ayant repris le vocable lors de sa création au Moyen Age. Les premières traces d’occupation du site de Lunel-Viel remontent au Ier siècle avant Jésus-Christ mais les plus importants vestiges datent du 1er siècle de notre ère, lorsque sous l’Empire romain la région littorale connut un important développement démographique et économique. A Lunel-Viel, dont le nom Lunellum provient peut-être d’un terme gaulois qui évoque un milieu marécageux, une agglomération se développe au carrefour de voies commerciales desservant le littoral, au sud de la célèbre voie Domitienne qui elle traverse les collines.
Des édifices publics témoignent de la fonction administrative et commerçante du Lunel de l’époque, l’actuel Lunel-Viel. De grands thermes furent construits vers les années 70 après J.-C., dont subsistent les fondations que l'on peut visiter près de l’école maternelle de la rue des Thermes. Autour du carrefour et de la place centrale se développaient un second ensemble thermal ainsi que des maisons, dont la modestie ou au contraire le confort, témoignent du rang social de leurs occupants. Dans les dépotoirs attenants à ces quartiers, plusieurs dizaines de milliers de fragments de poteries et les ustensiles les plus divers ont permis de reconstituer le cadre de vie d’une population aisée qui consommait des produits provenant de l’ensemble du monde romain.
L’habitat resta prospère durant toute l’Antiquité et même au delà de la chute de l’Empire. Près de 700 sépultures fouillées dans les trois nécropoles mises au jour, révèlent une population stable jusqu’au début du Moyen Age, malgré les mutations introduites par la domination wisigothique puis franque, du V ème au VIII ème s.
Le village médiéval s'est établi progressivement dans les ruines d’un ancien quartier gallo-romain autour de l’église Saint-Vincent, édifice dont l’origine remonte probablement au 6ème siècle. Au XI ème siècle Lunel-Viel, comme les villages de plus fraîche création, entre dans la dépendance de la seigneurie de Lunel qui lui a ravi son nom et son ancienne prééminence politique.
Le village ne montre rien de son passé médiéval, les démolitions et reconstructions successives ayant fait disparaître l’ancien cadre de vie. Dans ce village où les plus anciennes demeures datent du XVII ème siècle, seules les fouilles et l’observation patiente des anciens murs parfois révélés par des ravalements, permettent de reconstituer les maisons médiévales. Exploré durant plus de quinze ans par une équipe d’archéologues, l’habitat antique et médiéval de Lunel-Viel a livré de très nombreuses informations retraçant les péripéties de l’histoire régionale. Si la plupart de ces vestiges ont dû être détruits pour faire place à de nouvelles constructions, les fouilles préventives ont permis de constituer d’importantes collections présentées dans plusieurs expositions au niveau national mais restant pour l’essentiel dans les réserves archéologiques, dans l'attente qu’un lieu leur soit ouvert pour une mise en valeur.

 


Salle de chauffage des thermes gallo-romains de Lunel-Viel, Ier siècle (cliché Cl. Raynaud)

 


Reconstitution graphique des thermes du Ier siècle (dessin V. Mathieu)

 


Reconstitution ethnographique d'une cuisine du IIIe siècle à Lunel-Viel (Cl. Raynaud et Chr. Pellecuer)

 

Eglise Saint-Vincent

Plusieurs fois rasée durant les Guerres de Religion, l’église de Lunel-Viel conserve peu de choses de ses origines médiévales, l’essentiel de l’édifice ayant été rebâti au milieu du XVII ème siècle sans grand effort architectural. Seul vestige médiéval, le clocher occupe une puissante tour défensive portant une inscription qui situe sa construction au début du XV ème siècle, dans le contexte troublé de la fin de la Guerre de Cent Ans. La visite du clocher permet d’apprécier la puissance de la construction, aux murs de plus d’un mètre d'épaisseur, et d’observer les archères dans les salles voûtées du rez-de-chaussée et de l’étage.
Autour de l’église se développa le premier cimetière paroissial où les fouilles ont révélé la présence de sarcophages dès le VIè ème siècle (ces sarcophages sont visibles près des vestiges des thermes romains). Dans le cimetière, un puits bâti au XI ème siècle a été mis au jour et reste visible au pied du clocher, sa margelle ayant été restaurée lors de l’aménagement des abords.


Céramiques du XIVe siècle provenant du comblement d'un puits près de l'église
(Cliché Atelier d'Archéologie)

Château

Aucun texte ni aucun vestige ne témoigne de la présence d’un château à Lunel-Viel au cours du Moyen Age, le village restant alors sous la protection du château de Lunel et trouvant son seul élément défensif dans la tour de l’église. L’actuel château date du XVII ème siècle dans sa partie la plus ancienne, en particulier le grand escalier de style Louis XIII desservant les actuels services de la mairie qui occupe le bâtiment depuis la fin du XX ème siècle. Agrandi au XVIII ème siècle, le corps principal conserve d’importants éléments de décor classique, dont une belle série de cheminées à carreaux de faïence, récemment mise à l’honneur par une exposition. Bâti par la famille de Trémollet, seigneur du lieu aux XVII et XVIII ème siècles, le château fut vendu à la veille de la Révolution au sieur Durand, maire de Montpellier, conventionnel qui acheva sa carrière sur l’échafaud en 1794.
Le château connut d’importantes transformations dans la seconde moitié du XIX ème siècle, sous l’impulsion de son propriétaire Paul Manse, avocat fortuné. Une nouvelle aile fût alors réalisée, fermant le plan carré connu aujourd’hui, tandis que la disposition interne évolua, avec en particulier l’aménagement d’une chapelle qui a conservé son décor néo-gothique. Les travaux furent plus sensibles encore à l’extérieur avec la construction d’un faux donjon dans le style gothique en vogue après les grandes restaurations de Viollet-le-Duc. Dans le vaste parc, en 1876 fut bâtie une grande orangeraie de style Napoléon III, remarquable par sa couverture d’ardoise en écaille et par son décor sculpté. Si les orangers ont déserté les lieux, après d’importants travaux de restauration le bâtiment offre désormais son cadre prestigieux aux réceptions et aux expositions municipales.