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AMBRUSSUM (Villetelle, Hérault) :
oppidum gaulois et agglomération gallo-romaine

par Jean-Luc Fiches et Véronique Mathieu (CNRS)

 

Le site

C’est grâce à sa position sur la voie Domitienne que le nom d’Ambrussum a été conservé par plusieurs itinéraires antiques. Il est également connu sur deux monnaies émises peu avant notre ère pour affirmer la puissance et l’autonomie d’Ambrussum au sein des Volques. Le souvenir d’Ambrussum s’est perpétué dans le nom du pont, le pont Ambroix, qui permettait à la voie de franchir le Vidourle. Il n’en reste qu’une arche isolée au milieu du fleuve, mais il en comptait au moins neuf.

 

À la fin du IVe s. av. J.-C., l’oppidum se développe sur une colline à l’intérieur d’une fortification en pierres caractérisée par de nombreux bastions. Des sondages profonds, pratiqués à proximité du pont, ont montré que l’habitat ne se limitait pas à l’enceinte. Sous la station routière, on a également trouvé une partie de la nécropole de cette époque, l’emplacement d’un bûcher et une vingtaine de fosses contenant des restes incinérés. Sur la colline, l’habitat correspondant a été masqué par des maisons à cour intérieure de la seconde moitié du Ier s. ap. J.-C.
Depuis 1980, les recherches portent sur le relais routier implanté, vers 30 av. J.-C., non loin du Vidourle. On y a mis en évidence des auberges comportant une vaste cour derrière une entrée charretière, des bains à usage public, une maison qui abritait une forge et un enclos cultuel, déjà fréquenté avant la création de la station. Une partie de ce quartier se trouvait en zone inondable. Pour s’y maintenir, les occupants ont dû procéder, à plusieurs reprises entre 10 av. et 75 ap. J.-C., à de gros travaux de terrassements. Mais ce ne sont pas les crues qui causèrent l’abandon des lieux. La station connut, semble-t-il, un déclin lent et régulier à partir du milieu du IIe s., peu après l’abandon de la ville haute. La partie centrale du quartier fut abandonnée vers le milieu du IIIe s. À la fin de l’Antiquité, n’étaient occupés que de grands bâtiments situés à la périphérie nord alors que des récupérateurs de matériaux exploitaient déjà les ruines voisines.

 

La fouille

Le programme triennal 2005-2007, qui sera prolongé en 2008 porte sur de grands bâtiments (zone 12/20) qui couvrent plus de 1000 m2 et qui sont occupés jusqu’à la fin de l’Antiquité. Les plus récents seconde moitié du IVe s.) ont été détruits jusqu’aux fondations. L’ensemble le plus ancien (îlot B) peut se rapporter aux bâtiments officiels de la station : peut-être une hôtellerie réservée au transport d’État (service de poste, voyageurs de marque).


Zone 12/20, l’îlot B (en gris les secteurs fouillés en 2007)

En effet, les deux entrées charretières de l’îlot se trouvent dans l’axe de la voie Domitienne de sorte que cet ensemble, qui compte parmi les plus importants du relais, était en quelque sorte « incontournable » pour les voyageurs. Cet îlot n’est pas encore entièrement reconnu : les sols de l’état initial n’ont pas été atteints. On peut avancer cependant qu’au début du IIe s., cet îlot de 800 m2, qui s’appuie au nord-ouest sur un triple mur formant soutènement, comportait deux corps de bâtiments sensiblement de même largeur et vraisemblablement pourvus d’un étage, entre lesquels on distingue trois espaces de circulation contigus : en avant de l’entrée sud, une galerie de façade caractérisée par cinq piliers en grand appareil et qui abrite un puits ; derrière l’entrée ouest, une cour de plan presque carré (11 x 13 m) ; entre les deux, une longue cour (7,60 m x 23 m) dont le sol est pavé, vers le début du IIe s., de manière à former une sorte de chaussée flanquée de trottoirs.
Chaque corps de bâtiments comprend une série de pièces qui occupent toute leur largeur. Leur extrémité sud comporte une salle qui s’ouvre sur la galerie de façade et dont la superficie est de 22 m2 environ. Les autres pièces, qui s’ouvrent sur la cour empierrée, sont de dimensions plus petites et sensiblement de même module (autour de 13,5 m2). Il n’y a guère que la partie nord du bâtiment le plus long pour rompre ce rythme puisqu’elle abritait deux unités plus vastes et de longueur sensiblement égale (9,50 à 10 m) qui s’ouvraient chacune sur une cour.
Cette organisation d’ensemble a connu des aménagements qui ont pu entraîner des changements de fonction au cours des deux derniers siècles de l’occupation. C’est ainsi qu’une pièce supplémentaire a été aménagée au sud du bâtiment ouest, au détriment de la galerie qui a alors été fermée et pourvue d’une porte charretière. Ces transformations se sont accompagnées, dans la seconde moitié du IIIe s., de changements dans l’organisation de ce bâtiment où l’accès à la cour a été fermé dans la moitié des pièces pour privilégier une disposition en enfilade et une circulation interne.


fouille des bâtiments de la mutation du IVe siècle (cliché Jean-Luc Fiches)

 

Le chantier-école

Chaque été, le chantier-école d’Ambrussum accueille des étudiants qui souhaitent acquérir une expérience de fouille ou compléter leur formation de terrain ; il est également ouvert à des bénévoles. Il comporte surtout des activités pratiques sur le site et au dépôt de Villetelle (fouille, relevés, enregistrement et classement des données et des matériels). La formation reçue est étroitement liée au déroulement d’un grand chantier : organisation d’une fouille en contexte urbain, techniques d’enregistrement et de gestion des données de fouille, étude du paléo-environnement.

Visites guidées

Renseignements auprès de l’Office de Tourisme de Lunel.